Une nouvelle vie aux Antilles

Aux Antilles, le carnaval est le moment le plus important de l'annee.

La periode de carnaval est tres longue puisqu'elle s'etend du dimanche de l'Ephiphanie, debut janvier, jusqu'au mercredi des Cendres qui marque le commencement du careme.

Aussi etrange que celui puisse paraitre, tout est organise de maniere precise. Les communes, sont la houlette d'un comite organisateur, propose chaque week-end, chacune a la leur tour un defile. Ces manifestations sont pour les groupes des repetitions pour les grandes parades des "jours gras", la premiere a Point-a-Pitre le dimanche puis a Basse-Terre le Mardi Gras. Ces defiles sont en fait des concours, avec un jury dont le role est de designer les meilleurs groupes de danse, de musique, les plus beaux costumes et les plus beaux decors. Outre la notoriete, les gagnants recoivent des prix substantiels qui leur permettent de continuer leur activite toute l'annee et de preparer le carnaval suivant.

Les parades font l'objet de retransmissions tele et radio non stop.

Le point d'orgue de tout cela est le defile de Point-a-Pitre du Mercredi des Cendres a la fin duquel "Vaval", le roi du carnaval est brule.

L'envers du decor, c'est que les "trois jours gras" sont feries ! Ce qui veut dire que tout est ferme, aucune administration n'est ouverte, les magasins descendent les rideaux de fer, le facteur ne distribue pas le courrier....et les poubelles ne sont pas ramassees. Doncil faut prendre ses precautions, meme pour acheter une baguette (merci le congelateur).

Mais c'est un moment assez exceptionnel a vivre dans une veritable ambiance de fete qui fait oublier des petits inconvenients !

Loin des images de plages et de cocotiers, les paysages du nord de la Grande Terre s'apparentent a ceux de la Bretagne. Hautes falaises tres decoupees, vegetation composee d'arbustes de faible hauteur qui essayent de se maintenir au sol malgre le vent.......et au loin, par temps clair, la Desidade. 

Ce qui est bien ici, c'est que meme en travaillant d'arrache pieds (par exemple, l'Homme quitte la maison vers 6h30 et ne revient le soir que vers 20h), le week-end, c'est vacances.

Hier, depart pour le marche artisanal de Basse-Terre, puis vers midi, rendez-vous avec des amis pour pique-nique et baignade sur la plage de sable noir des Bannaniers. Cette region, proche de Trois Rivieres, est l'un des berceaux de la culture ameridienne en Guadeloupe.

On voudrait aimer Point-A-Pitre, au nom qui fait surgir a l'esprit des images riches en couleurs. Il faut l'avouer, ce n'est pas facile !

Pour ma part, j'ai comme toujours dans une nouvelle ville, beaucoup parcouru les rues.

Tout d'abord, la partie "frequentable", a savoir le centre ville est toute petite. Et c'est un curieux melange. Quelques rues  regroupent les commerces, tous de qualite mediocre, donnant une impression de souk ou de marche africain, sans la possibiite de trouver ici ou la des boutiques pernettant de trouver des articles artisanaux interessants. Il s'agit d'une succession d'echoppes revendant pour la plupart des frippes ou des chaussures made in china.

Les horaires d'ouverture ont egalement de quoi surprendre : a partir du debut de l'apres-midi beaucoup ferment et a 17 heures, plus aucune activite. Les rues sont desertes et comme la nuit tombe vite, ce n'est pas tres rassurant ! 

Les rues adjacentes sont bordees de maisons particulieres, et le meilleur et le pire - surtout le pire - se cotoient.

De tres nombreuses batisses sont pratiquement en ruines et tout cela donne un effet d'abandon, voire de ville fantome.

Alors bien sur, le matin, il y a les marches, avec les doudous qui vendent les legumes, les epices et les rhums,et pres de la darse, les pecheurs qui proposent le produit de leur peche matinale. Mais il faut savoir que prendre des photos n'est pas toujours bienvenu et risque de vous attirer les foudres des marchands. Meme sans comprendre le creole, on sait que ce n'est pas tres sympa !

Immediatement aux portes de ce petit centre ville, les quartiers comme celui du  carenage par exemple,  rassemblent devant des cases miteuses, des miriades de prostitues en provenance pour la plupart de la Dominique voisine. 

A chaque fois que je me promene dans ces rues, je pense aux touristes, notamment les croisieristes qui passent une journee d'escale ici. Franchement, il n'y a rien a faire et les recommandations concernant la securite peuvent en decourager plus d'un a quitter leur palace flottant.

La municipalite a interet aujourd'hui a reflechir serieusement a des operations de renovations urbaines et de dynamisation de ce secteur pour eviter que la ville historique ne meure lamentablement.

Apres avoir entendu et lu bon nombre de commentaires negatifs sur les bus guadeloupeens, j'avoue que j'etais assez inquiete avant d'arriver. Aujourd'hui je suis agreablement surprise.

OK, les horaires ne sont pas publies, mais....

- Les bus oranges du syndicat mixte des transports de Point-a-Pitre sillonnent toute l'agglomeration avec une frequence que j'evalue au quart d'heure.

- Les bus des compagnies privees qui relient les principales villes tournent a raison d'environ trois rotations par heure.

- Les arrets officiels sont parfaitement materialises, avec la plupart du temps de vrais abris-bus et au pire un panneau.

Je crois ne jamais avoir attendu un bus plus de 10 minutes pour aller de chez moi au centre ville.

Mais en plus, les traditions perdurent et c'est bien pratique...

- Vous n'etes pas a l'arret et vous voyez un bus qui arrive, pas de probleme, vous faites signe et le conducteur s'arrete gentiment. Meme chose pour descendre. En fait ils fonctionnent un peu comme des taxis collectifs !

Et en plus vous beneficiez de l'ambiance : klaxon tonitruant pour signaler l'arrivee, papotage avec les voisins et musique a fond.

Moi, j'adore.

Chaleur, couleurs, odeurs, musique, végétation plus que luxuriante, cases traditionnelles construites en bois longeant les routes et villas cossues cachées au milieu des jardins, gentillesse des gens, mer omniprésente, voilà le résumé de ces premières impressions.

Nous sommes à la fin de la saison des pluies, les averses déversent des trombes d’eau et sont suivies par un soleil de plomb avec des températures de plus de 30 degrés. Les moustiques s’en donnent à cœur joie ! Mais la lumière est tellement belle !

Les arbres se balancent et avec ce climat, on croit les voir grandir jour après jour. Pas un seul coin de terre qui ne soit pas vert.

La couleur de la mer est indéfinissable – bleus, turquoises, gris – et si changeante.

Au marché de Pointe-À-Pitre les étals sont recouverts de fruits et légumes qui ne nous sont pas tous connus et à coté, sur le quai, les pécheurs vendent directement leurs poissons.

Les rues commerçantes du centre ville grouillent de monde, au moins jusqu’au début d’après-midi car après le calme s’installe.

La musique est partout, y compris dans les bus où la cordialité et la bonne humeur sont de mise (j’y reviendrai).

Lorsque tranquillement votre homme vous demande sans préambule si aller vivre en Guadeloupe ne vous pose pas trop de problème, vous faites quoi ?

Moi j’ai répondu ok immédiatement et la machine s’est mise en marche.

Préparation d’un déménagement international en plein cœur de l’été, formalités diverses pour quitter Washington et les Etats-Unis. Le 26 septembre, le conteneur était plombé par les transporteurs pour prendre la mer dans les plus brefs délais.

De notre coté, retour en France « métropolitaine » pour 3 semaines, puis de nouveau dans un avion au-dessus de l’Atlantique et le 20 octobre, atterrissage à Point-à-Pitre, étourdis que tout ait pu se régler aussi vite.

Mais de nouveau, le début d’une aventure ! Un nouveau pays, une nouvelle culture à découvrir, le bonheur quoi !

En même temps, et presque plus que pour une « expatriation classique » beaucoup d’interrogations, notamment, comment allions-nous être perçus en tant que métropolitains ? Les grandes grèves de 2009 sont encore très présentes à la fois chez les Guadeloupéens et chez les « métros ». Elles ont laissé des traces profondes chez les uns et les autres.

Mais nous, nous ne les avons pas vécu et nous arrivons comme d’habitude avec le souci de donner du temps au temps pour prendre la température et nous adapter.